Recherches
Nous sommes les 0,01%
550 Gt C et des poussières
Voici donc le millésime 2024 de POST ! Seulement douze mois après le deuxième numéro, nous ne sommes pas peu fiers d’avoir tenu ce délai ambitieux et de transformer ainsi POST en une revue annuelle dont vous attendrez, nous l’espérons avec impatience, curiosité, voire gourmandise, les prochaines sorties avant les futures pauses estivales. Après un numéro consacré à la matière, le « M » de la méthodologie EMC2B – qui accompagne le groupe AREP dans ses projets et ses missions –, nous avons choisi de consacrer le dossier principal au vivant, le « B » de biodiversité. Autant vous l’avouer, si nous étions très à l’aise avec la thématique des ressources, c’était cette fois une autre paire de manches. Parler biodiversité appelle une curiosité collective parfois conventionnelle vis-à-vis du vivant… Nous souhaitions donc sortir de notre zone de confort, en nous remémorant les vers de Baudelaire, « La nature est un temple […] »…
Ce sujet très large et éminemment complexe se met moins facilement en équation que les données énergétiques, les bilans carbones et autres analyses de cycle de vie – même si parfois ceux-ci peuvent déjà donner mal à la tête d’un point de vue méthodologique. Toute l’équipe a donc pris son bâton de pèlerin pour s’acclimater, se documenter, faire appel à sa sensibilité, aller à la rencontre des spécialistes, créer des infographies originales, avec pour objectif primordial d’aborder ce sujet sans donner trop de coups d’épaules dans les portes ouvertes, puisque tout le monde parle déjà beaucoup – et c’est bien ! – de retour de la « nature en ville », de « retour du vivant », de programmes de (re)végétalisation, de solutions fondées sur la nature, d’économie régénérative, etc.
Quid des 0,01% et des 550 Gt C, nous direz-vous ? 550 est une des estimations scientifiques les plus récentes de la somme de toute la biomasse vivante sur Terre, en milliards de tonnes (Gt) de carbone contenu (C) – à ne pas confondre avec la biomasse sèche et encore moins avec la biomasse humide, mais pas de panique, nous allons vous expliquer tout ça ! – le poids (carbone) cumulé des quelques milliers de milliards de milliards de milliards (soit quelques quintillions pour les « littéraires » et 1030 pour les « matheux ») d’organismes vivant, luttant, se reproduisant, évoluant sur cette chère et précieuse planète, dans cette « zone critique », fine pellicule d’une quinzaine de kilomètres d’épaisseur. Quant aux 0,01 %, c’est la part que nous, immodestes et turbulents humains, représentons dans tout cela, soit environ 60 millions de tonnes de carbone contenu (Mt C donc, si vous suivez !)… Référence aussi au « We are the 99 % » du mouvement Occupy né en 2011, et clin d’œil au thème du premier numéro de POST, histoire de remettre sapiens à sa juste échelle !
Mais fi des calculs, nous allons vous parler d’anthromes, de réensauvagement (qui n’a à peu près rien à voir avec la nature en ville !), de limites des mesures de compensation écologique, d’histoire des animaux-machines, d’architecture et de programmation face au vivant, vous conter des histoires de tomates et de scutigères véloces (n’ayez pas peur !), de nature paysagère, vous partager des représentations que nous avons mitonnées avec de talentueux illustrateurs pour « donner à voir » différemment notre place dans le « temple du vivant » avec, entre autres, un arbre phylogénétique, « bestiaire » des architectures humaines et non humaines, et une vision de la densité altimétrique du vivant dans la « zone critique » terrestre et océanique…
Comme pour le précédent numéro, nous avons légèrement fait évoluer notre maquette, qui a gagné seize pages – nous ne nous engageons pas sur 144 pages systématiques pour les prochains millésimes, nous verrons bien, mais en tout cas, ce vaste sujet le méritait bien – même si nous avons dû faire des choix et plus particulièrement angler sur le milieu « terrestre ». Cela nous a permis de faire grandir notre rubrique POST Junior, d’accorder une large place aux infographies et aux gravures historiques, mais aussi de prolonger nos expérimentations dans la bande-dessinée en ouvrant largement nos pages, notamment au facétieux collectif Bandes Détournées…
Comme dans les deux premiers numéros, nous avons essayé de maintenir la « ligne de crête », l’équilibre entre les contributions « arépiennes » et externes, entre les articles pédagogiques et les angles plus originaux et pointus, entre les chiffres et les lettres, tout en veillant à travailler la grande qualité graphique et iconographique de nos productions. Nous en profitons pour saluer et remercier toutes les contributrices et tous les contributeurs, ainsi que l’équipe de pilotage du projet.
Nous vous laissons maintenant vous inspirer par le souffle du vivant sous toutes ses formes, pour mieux nous retrouver dans le monde d’après (les Jeux Olympiques et Paralympiques)… Plus vite, plus haut, plus fort et sans doute, hélas, encore un peu plus chaud…
Nous vous souhaitons un très bel été et une bonne lecture